Par Arlette Soudan -Nonault.
Alors que s’éternise la pandémie du covid-19, face à laquelle l’Afrique fait preuve à la fois de résilience et d’inventivité dans la recherche de remèdes issus de sa propre biosphère, voici qu’une nouvelle étude vient brutalement nous rappeler à ce qui nous attend dans le « monde d’après ». Si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, un tiers de l’humanité dont la totalité de notre population congolaise, pourrait vivre d’ici à 50 ans dans des endroits aussi chauds que le désert du Sahara , révèle la revue de l’Académie nationale des Sciences des États Unis dans son édition du 4 mai.
Au lieu des 3 degrés d’élévation de la température mondiale prévus par les experts du GIEC, l’équipe des limatologues Américains, Européens et Chinois estime qu’elle pourrait atteindre 7,5 degrés. Ce qui signifie que les habitants des pays tropicaux comme le Congo subiraient une température moyenne de 29 degrés contre 25 aujourd’hui, soit une augmentation aux conséquences graves, sans équivalent depuis des dizaines de milliers d’années. Limiter les émissions, mais aussi opter pour un modèle de développement soutenable est donc plus que jamais une priorité.
L’indispensable combat contre le virus qui mobilise aujourd’hui le gouvernement Congolais, sous l’impulsion du Chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso , dont on ne peut que souligner la réactivité et la détermination, ne doit pas nous faire oublier que la crise actuelle n’est pas uniquement une crise sanitaire. C’est une crise de civilisation. La pandémie n’a fait que renforcer ce que nous savions déjà : l’humanité est au bord d’un dérèglement majeur touchant à l’équilibre des processus naturels de la planète. Tous les clignotants sont au rouge: couche d’ozone, forêts, mangroves, zones côtières, espèces animales protégées, stocks de pêche, tourbières, sols, rivières… Deuxième poumon écologique du monde, dont la cause est inlassablement défendue depuis des décennies par le Président Sassou Nguesso, le Bassin du Congo aura bientôt lui aussi besoin d’un respirateur d’urgence si les financements promis pour alimenter le Fonds Bleu ne sont pas au rendez-vous. Car si nous ne sommes pas les pollueurs, nous sommes bien les payeurs, en l’occurrence les victimes d’un modèle planétaire de destruction de l’écosystème.
Le virus du Covid-19 est en réalité le symptôme de ce dispositif de gaspillage et d’extraction incontrôlée qui, en brisant l’harmonie faite de respect et de distanciation entre l’homme, la nature et les autres espèces vivantes, a mis en contact ce qui n’aurait jamais du l’être. Il nous faut donc impérativement remettre le biotope au centre de nos existences et faire en sorte qu’il soit le critère suprême dans nos choix de développement.
On me dira que ces préoccupations n’ont guère leur place en pleine bataille contre le coronavirus. Et on aura tort. Si nous n’y prenons garde en effet, le tsunami climatique qui attend nos petits-enfants fera ressembler la catastrophe du covid-19 à un simple hors d’œuvre.