Cliquez ici, pour télécharger l’allocution de Madame arlette Soudan-Nonault, Ministre du Tourisme et de l’Environnement, en charge du Développement Durable à l’occasion de la Journée Mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
L’organisation des Nations Unies a voulu que le 17 juin de chaque année soit décrétée journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse : il s’agit là d’une date importante, sur laquelle je vous invite à réfléchir.
Oublions tout de suite les clichés : la désertification, ce n’est pas seulement l’avancée du désert du Sahara ou la sécheresse au Sahel. C’est aussi et avant tout la dégradation des terres, partout où elle se produit. Gardons nous aussi de croire, en ces temps où tous ensemble nous combattons le coronavirus, que cette journée n’est qu’une parenthèse. Comme le dit justement l’ONU, la détérioration des sols est l’un des principaux facteurs environnementaux des épidémies émergentes de maladies infectieuses. C’est dire si les enjeux sociétaux, sanitaires et écologiques de cette thématique sont vitaux pour l’humanité.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
Le constat est clair, le constat est amer. Nous serons dix milliards d’habitants sur cette planète en 2050, alors qu’un tiers des terres arables dans le monde et deux tiers des terres africaines sont dégradées et pourraient bientôt être impossibles à cultiver. Les raisons en sont connues. La déforestation tout d’abord : quand on coupe des arbres, la terre devient meuble et s’érode, entraînant éboulements et érosions. La pluie ne pénètre plus, les sols s’assèchent. L’exploitation agricole mal maîtrisée ensuite, qui détériore les sols et les rend toxiques. Mais aussi l’activité extractive polluante, les mines à ciel ouvert, l’urbanisation anarchique et bien évidemment les changements climatiques. Il s’agit là en réalité d’une sorte de cercle vicieux, où la dégradation des terres entraine un effondrement de la biodiversité, lequel favorise le réchauffement climatique, qui débouche à son tour sur l’aridification des sols. Climat, biodiversité et désertification sont les trois pièces d’un même puzzle et la qualité des terres est à la fois une menace et une solution pour le climat et pour la biodiversité.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
Le Congo, notre pays, a su très tôt prendre la mesure de cette menace. Chef d’Etat pionnier en matière de défense de l’environnement sur le continent, le Président Denis SASSOU N’GUESSO a été à l’origine de la journée nationale de l’arbre et sous son impulsion, le Gouvernement travaille à l’élaboration d’un plan d’affectation des terres, afin de gérer de façon rationnelle et durable le domaine de l’Etat. Chacun sait en outre que notre taux de déforestation est maîtrisé, ce qui nous met à l’abri des sécheresses qui frappent l’espace sahélien ou des phénomènes de dégradation massive des sols qui, dans certains pays d’Afrique de l’Est, représentent un coût annuel équivalent à 15% de leur PIB. Mais ne nous croyons surtout pas pour autant exemptés de notre devoir de vigilance. Au Congo aussi, l’occupation sauvage des terrains est source d’érosions souvent dévastatrices en saison des pluies. La réalisation d’infrastructures et d’activités industrielles sans études préalables d’impact environnemental met à mal nos sols et notre biodiversité.
On ne le dira jamais assez : la qualité d’une terre relève du bien public, dont la perte est irréversible à l’échelle humaine. S’il faut 25 ans pour détruire une couche de terre arable, il a fallu cent mille ans pour qu’elle puisse se former. Cette comparaison donne le vertige. Elle dit aussi toute la mesure de notre responsabilité.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
Pourtant, le processus de désertification, qui met directement en cause notre sécurité alimentaire, car il faut bien disposer de suffisamment de terres cultivables pour subvenir à nos besoins, n’est pas une fatalité. Les réponses à ce défi passent par le déploiement de pratiques agro- écologiques durables, la revalorisation des savoir-faire traditionnels, la reforestation et la restauration des terres dégradées. Elles demandent l’implication de tous et la mobilisation citoyenne mais aussi politique de chacun. Et cela d’autant plus que l’appauvrissement des sols exacerbe les conflits souvent violents pour l’accès aux terres, menaçant la paix sociale en même temps qu’il encourage les migrations de populations entières.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,
Les discours sans cesse recommencés sur la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’eau et l’énergie seront vains si nous ne décidons pas de préserver ensemble le seul élément au cœur de ces trois enjeux fondamentaux : la terre. Plus que jamais en cette année 2020, nous voyons à quel point notre planète est un village et à quel point nous sommes tous interdépendants. Alors protégeons cette terre congolaise à qui nous appartenons autant qu’elle nous appartient.
Vive le Congo notre patrie!
Vive la destination Green Congo !
Arlette SOUDAN-NONAULT.-